Choses à Savoir CERVEAU - Pourquoi les malades d’Alzheimer oublient-ils d'abord leurs proches ?
Playlist Culture G : les podcasts pour apprendre chaque jour - A podcast by Acast France - Mondays
Categories:
Une étude récente publiée dans la revue Alzheimer’s & Dementia, the journal of the Alzheimer’s Association, apporte un éclairage nouveau sur ce phénomène. Les chercheurs y montrent que les régions du cerveau spécialisées dans la reconnaissance des visages – notamment le gyrus fusiforme et certaines zones du lobe temporal – sont parmi les premières affectées par l’accumulation de protéines toxiques caractéristiques de la maladie, comme la bêta-amyloïde et la protéine tau. Ces zones semblent perdre rapidement leur capacité à traiter ce que les neuroscientifiques appellent la reconnaissance “holistique” : la perception d’un visage comme un tout cohérent, et non comme une simple collection d’éléments.Reconnaître un visage est, en réalité, l’un des actes cognitifs les plus complexes que nous réalisons au quotidien. Il ne s’agit pas seulement de “voir” la personne : il faut comparer la forme du visage à un souvenir stocké, activer la mémoire autobiographique, puis accéder à l’identité, au prénom, au lien affectif. C’est un processus qui implique simultanément perception, mémoire épisodique, mémoire sémantique et émotion. Lorsque les réseaux temporaux et hippocampiques commencent à se dégrader – ce qui survient très tôt dans la maladie – cette chaîne se brise.Les objets, eux, reposent sur un tout autre type de traitement. Un bol, une clé ou une chaise n’ont pas besoin d’être reconnus de manière holistique. Le cerveau s’appuie surtout sur leur forme, leur usage et leur contexte. Autrement dit, les objets activent davantage la mémoire sémantique, qui résiste généralement plus longtemps aux atteintes d’Alzheimer que la mémoire autobiographique et les circuits de traitement social.L’étude publiée dans Alzheimer’s & Dementia montre également que la “mémoire associative visage-nom”, une fonction clé pour identifier les proches, est l’une des premières à décliner. Les auteurs notent que même lorsque les patients se repèrent encore dans leur environnement ou manipulent correctement les objets du quotidien, la reconnaissance des visages familiers peut déjà être altérée. Le cerveau perd d’abord la capacité d’associer un visage à une histoire, avant même de perdre la mémoire des choses.Enfin, un facteur émotionnel amplifie ce phénomène : oublier un objet passe inaperçu, mais oublier le visage d’un proche est immédiatement visible, bouleversant et insupportable. Ce contraste contribue à l’impression que la perte des visages arrive “en premier”, alors qu’elle reflète surtout la vulnérabilité des réseaux cognitifs qui soutiennent nos liens les plus intimes. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
