Pourquoi une grève à Limoges en 1905 fut historique ?

Choses à Savoir HISTOIRE - A podcast by Choses à Savoir

Au début du XXe siècle, les conditions de travail des ouvriers restent très difficiles. En effet, le dimanche, comme jour de repos hebdomadaire, n'est accordé qu'en 1906, et il faudra attendre 1919 pour qu'une loi reconnaisse le principe de la journée de travail de huit heures. Ces timides avancées sociales ne sont donc pas encore acquises quand éclate, à Limoges, la grande grève de 1905. La ville est depuis longtemps un bastion de la gauche. Les ouvriers y sont donc plus sensibles qu'ailleurs à ce qu'ils perçoivent comme des injustices. Ils protestent en effet contre le bas niveau des salaires, mais aussi contre certaines pratiques, comme ce "droit de cuissage" que s'octroient certains contremaîtres à l'encontre des jeunes ouvrières. C'est pour le dénoncer qu'éclate cette grève hors normes de 1905. Une grève révolutionnaire ? Ce qui fait d'abord la particularité de ce conflit social, c'est son ampleur. En effet, les principaux secteurs de l'industrie limougeaude, la porcelaine, l'imprimerie et la chaussure, sont concernés. La grève éclate fin mars et se répand dans les ateliers comme une traînée de poudre. Quelques jours plus tard, au début d'avril, les patrons s'entendent pour fermer les usines et renvoyer les ouvriers. 13.000 personnes se retrouvent ainsi sans emploi. La grève va alors se transformer peu à peu en guerre civile. Les milieux conservateurs craignent qu'elle ne marque même le début d'une révolution. C'est ce qui explique aussi la singularité de cette grève. En effet, ce ne sont pas seulement les ouvriers, mais toute une partie de la population qui dressent des barricades dans les rues de la ville. Des ouvriers s'emparent également des établissements Haviland, la célèbre usine de porcelaine, et envahissent la prison, pour libérer leurs camarades incarcérés. Face à ce qu'elles considèrent comme une émeute, les autorités font appel à la troupe. Les soldats chargent et ouvrent le feu, laissant un mort sur le sol. Les obsèques du jeune ouvrier tué seront suivies par 30.000 personnes. Le patronat capitule alors et, à la suite d'un accord trouvé entre les deux parties, le travail reprend quelques jours plus tard. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices

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